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Crise de l'élevage Le distributeur Casino devient la bête noire des agriculteurs

Lyon, 7 août 2015 (AFP) - Les éleveurs ne désarment pas : ils ont harcelé vendredi dans plusieurs départements le géant de la distribution Casino, qu'ils accusent de se fournir massivement en viande et lait à l'étranger et de ne pas appliquer les accords signés cet été pour améliorer leurs conditions de vente.

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Dès potron-minet vendredi, le groupe a été la cible de plusieurs actions dans la Loire - où se situe son siège social - et dans plusieurs autres départements du Sud. Soutenus par la Fdsea et les Jeunes Agriculteurs (JA), une soixantaine de manifestants ont bloqué dans le calme les onze entrées du gigantesque siège de Casino à Saint-Etienne, entre 7h et 13h. A l'entrée du site, ils ont tendu une grande banderole noire entre une fourche de tracteur et un poteau, pour exiger le « respect des engagements » de la grande distribution, l'accusant de ne pas privilégier l'origine France des produits. Dans la nuit, les agriculteurs avaient bloqué deux importantes centrales d'expédition du groupe, à Andrézieux-Bouthéon et à Saint-Bonnet-les-Oules (Loire), en y déversant pneus, gravats et fumier. Ils ont dans la foulée bloqué un Casino Drive tout proche, à la Fouillouse.

« Il faut payer les produits français au juste prix. Il faut consommer français et remonter les prix de la production. On veut montrer notre détermination », a assuré Gérard Gallot, président de la Fdsea de la Loire, avant d'être reçu en délégation au siège du distributeur. Après une brève entrevue, les manifestants ont quitté les lieux sans incident. « Certains jouent le jeu, d'autres non et Casino en fait partie », a accusé François Garrivier, membre de la Fdsea locale et administrateur de la Fédération nationale bovine. « Casino pratique une politique de prix d'achats au plus bas », l'enseigne commettant notamment « l'affront de mettre dans les rayons du lait allemand », selon lui.

"Origine inconnue"

Même topo lors d'une opération de contrôle dans un Géant Casino à Valence (Drôme). « On est allés voir les étiquettes des fruits, légumes, viandes, laits et charcuteries », a relaté Julie Auger, secrétaire générale des JA de l'Ardèche. « Si l'enseigne joue le jeu pour les fruits locaux, c'est catastrophique pour les produits transformés. Impossible de trouver l'origine de la viande sur des barquettes », a déploré la jeune femme. Mécontents, les agriculteurs ont « stické » les produits incriminés et enturbanné des palettes de lait « prétendument français, mais en réalité conditionné en Belgique ». L'agricultrice a estimé que ni la revalorisation des prix de viande, actée le 17 juin autour du ministre de l'Agriculture, ni la hausse des prix du lait arrachée au forceps le 24 juillet, n'étaient respectées.

A Angoulins (Charente-Maritime), une dizaine d'agriculteurs des JA se sont rendus dans un Leader Price (enseigne du groupe Casino) pour vérifier l'origine de certains produits. Ils ont « confisqué » des denrées d'origine étrangère, comme des packs de lait venant de Belgique, qu'ils ont chargés dans des camionnettes pour, selon eux, les donner à la Banque alimentaire. Des actions similaires devaient viser vendredi d'autres Leader Price du département.

Par ailleurs, des opérations visant d'autres groupes de distribution ont aussi été répertoriées à Rodez, Saint-Gaudens et dans le Rhône.

Engagements tenus pour Casino

Contactée par l'Afp, le groupe Casino a indiqué qu'il entendait bien respecter ses promesses « sur la revalorisation des prix du lait, du bœuf et du porc ». « Le rapport du médiateur des relations agricoles du 22 juillet a même reconnu qu'on avait tenu nos engagements », a plaidé un porte-parole de l'entreprise. Casino a aussi assuré avoir « le souci d'un 100 % France ». « Cette règle peut subir des exceptions marginales, notamment quand il y a des opérations commerciales, mais on s'est engagé à limiter au maximum ces opérations », a assuré l'enseigne. Elle a aussi souligné avoir aidé la filière lait des Monts du Forez (Loire) en passant un accord avec une laiterie locale, « portant sur 4,7 millions de litres annuels, sur une base de 400 euros les 1.000 litres ».

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